mercredi 10 avril 2013

B comme Bourse

La bourse e(s)t la vie


Bourse. Je n'ai que ce mot à la bouche. Me supprimer la bourse serait m'enlever le pain de la bouche. Comme les actionnaires dépendent de la bourse avec un grand B, je dépends moi aussi d'une bourse depuis des années. Tantôt cours en hausse, tantôt moral à la baisse.

Vous aurez compris sans difficulté que je ne suis pas de près les cotations et fluctuations des devises et actions mais que j'attends toujours impatiement les virements de diverses allocations et prestations. Comme les banquiers et financiers sont soumis aux lois du marché, mes actions sont déterminées par les montants et versements réguliers d'argent des diverses aides financières auquelles je prétends.

Je suis d'ailleurs moi-même un investissement. Le gouvernement principalement, et d'autres "mécènes" dans une plus faible mesure, ont financé la quasi-intégralité de mon projet... de vie. Si j'ai pu étudié après le lycée, si j'ai pu me loger, si j'ai pu effectuer des stages à l'étranger... c'est grâce à de multiples financements de la part de divers créanciers publics ou privés.

Bourse sur critères sociaux, bourse de stage, aide personnalisée au logement, prêt étudiant, ... de l'argent qui n'est pas mien et qu'il me faudra un jour rembourser. Dans un cas avec intérêts, dans les autres cas par reconnaissance envers la société. J'ai parfois le sentiment que j'ai vraiment un devoir envers elle, envers tous. De l'argent a été misé et tous ceux qui ont parié espèrent ne pas s'être trompé, espèrent voir leur mise doubler. Je ne peux donc pas me permettre de décevoir mes donateurs. 

Cet argent que je reçois chaque mois, ce n'est pas comme si je le gagnais au loto, pas comme si quelqu'un me faisait un simple cadeau... C'est un cadeau oui, mais empoisonné en quelque sorte. Si je ne fais pas ce que l'on attend de moi, on interrompt les versements. On attend de moi que je sois un placement qui rapporte. Un produit qui se construit petit à petit pour devenir un produit fini abouti et lucratif. Vous vous dites certainement que cette métaphore filée est lassante et exagérée. Mais réfléchissez: on me permet "gratuitement" d'étudier, de me loger, de voyager, de me former, de me professionnaliser,... pour que je puisse à mon tour contribuer au fonctionnement de ce système, système de valeurs (de solidarité ou au sens financier?) où chaque individu est impliqué, souvent à son insu et sans en avoir conscience, dans une relation d'interdépendance à autrui. 

Nous contribuons tous, dans une plus ou moins grande mesure, à faire évoluer les courbes, à faire tourner le monde. Tantôt redevable, tantôt contribuable. Tantôt prestataire, tantôt bénéficiaire. Et je dois bien avouer que ce à quoi j'aspire depuis toutes ces années c'est justement à ce changement de situation; que la roue de la fortune (au sens propre comme au figuré) finisse par tourner. Je ne souhaite qu'une chose: rendre la monnaie de ma pièce voire même rendre la pareille, sans compter. Soutien (financier?) et conseils m'ont permis d'acquérir des compétences, des savoirs, des savoirs-faire,... toutes sortes de richesses qu'il me faudra ensuite partager. Je ne me risquerais pas davantage à détailler ma pensée car mes propos pourraient sembler injustifiés et erronés; ma réflexion nécessiterait en effet d'être alimentée par des lectures sur le sujet. Si vous avez des ouvrages à me conseiller, n'hésitez pas à commenter ce billet. 

Puisque que tous, et moi en premier, attendent de moi que je devienne un être (dé)formé ayant le sens de ses devoirs et de ses responsabilités; je m'engage par un contrat moral et financier à payer avec mon temps et ma dévotion les charges m'incombant, à devenir un citoyen exemplaire, plus prosaïquement, à valider mon année à l'université... bref, à accomplir ma destinée!

Notez que je viens de terminer deux dossiers de demande de bourse dans le cadre de la poursuite de mes études supérieures et du renouvellement de mon stage à l'étranger; un adressé à Campus France, agence de promotion de la mobilité dans l'enseignement supérieur; l'autre adressé comme chaque année au CROUS. Pour rappel aux concernés qui me lisent, votre Dossier Social Étudiant pour la prochaine année universitaire est à renseigner et à renvoyer accompagné des pièces justificatives demandées dans les meilleurs délais. Pour plus d'information concernant la saisie et le suivi de votre dossier, cliquez sur le lien suivant: https://dse.orion.education.fr/depot/

Je m'apprête par ailleurs à entreprendre des démarches auprès d'autres institutions régionales pour l'obtention d'une bourse de mobilité. Mais je peux vous assurer qu'il ne s'agit pas d'argent jeté par les fenêtres, je te le revaudrai chère société !

dimanche 7 avril 2013

B comme Billard

Roule ta bille


Demain c'est la rentrée, les vacances sont déjà terminées... (Je vous laisse imaginer le smiley approprié pour illustrer mon état d'esprit.) Alors pour profiter pleinement des derniers instants de congés avant la reprise du boulot, j'ai passé la soirée avec deux amis bulgares au club BSD. Pourquoi BSD? Pour Billiard, Snooker and Darts (soit billard, snooker et fléchettes en français.)

Mes élèves m'avaient parlé de cet endroit mais je n'y étais jamais allée. Il faut dire que pour jouer là-bas mieux vaut être accompagnée. J'ai donc sauté sur l'occasion quand mon ami m'a téléphoné pour me proposer d'y aller avec lui et un autre bulgare francophone.

Je me suis tellement amusée que je n'ai pas vu défiler les presque quatre heures passées à jouer (et à boire, un petit peu) avec eux. Cette salle de jeux est très grande et dispose de plusieurs tables, de quelques flippers et jeux de palais ainsi que de plusieurs écrans télé. Le décor est sobre et le mobilier épuré mais l'ambiance n'en est pas moins chaleureuse et personnel et clients y sont très sympathiques et étaient ravis de faire une démonstration de leur amour du français... et de leur maitrise de l'anglais.

Cette soirée était une grande première pour moi car je n'avais jamais joué au billard américain. J'ai eu besoin des conseils de mes amis, qui sont des joueurs confirmés, car les règles diffèrent quelque peu du billard français auquel j'ai eu plusieurs opportunités de m'essayer. L. et P. ont été des professeurs patients m'expliquant avec pédagogie positionnement des mains, coups et stratégies. Ils n'ont néanmoins rien pu faire contre mon manque cruel de concentration. Le billard n'est vraiment pas un sport pour moi et après quelques parties je finis par taper sans viser dans n'importe quelle bille puis à me reporter sur ma canette de bière posée à côté. Soucieux que je fasse des progrès, tous deux n'avaient de cesse de me répéter quels gestes et postures adopter. 

S'ils ont été excellents dans leur rôle d'enseignant, ils ont également été de bons élèves, cette soirée ayant aussi été l'occasion pour eux (comme pour moi) de pratiquer le français, langue qu'ils maîtrisent très bien déjà. Nos conversations étaient ponctuées de sourires discrets voire de grands éclats de rire puisqu'ils connaissaient déjà le sens figuré des mots "boule", "queue", "trou" ou encore "bande". Le lexique du billard est vraiment très imagé en français, la traduction en bulgare ne laisse pas de place à l'ambiguité. Nous avons donc beaucoup rigolé même si au début ils étaient vraiment génés et chercher des moyens détournés pour ne pas avoir à utiliser un tel lexique devant une fille, française de plus est. Mais mon attitude décomplexée a su les rassurer. 

Loin de mes copines, les soirées "poules" laissent place désormais aux soirées "boules" et j'ai promis à mes amis de nous réunir à nouveau très prochainement afin de manier à la fois la queue et la langue (vous souriez? Voyez, pas besoin d'avoir l'esprit mal placé.)

mercredi 27 mars 2013

B comme Bénin

C'est pas malin.


Contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre, je ne suis pas allée en Afrique mais quelques lignes y seront néanmoins consacrées. J'ai tout de même fait du tourisme, visitant les principaux lieux de la ville ayant trait à la francophonie aujourd'hui. 

A l'initiative de cette randonnée urbaine, l'Institut Français, avec le soutien de partenaires institutionnels et privés. C'est donc de bonne heure ce matin que notre équipe s'est mise en route, questionnaire en main, T-shirt sérigraphié Institut Français et casquette TV5 Monde sur la tête (malgré l'absence notoire de soleil, nous avons été sponsorisés des pieds ou presque à la tête!) pour arpenter toute la journée, sous la pluie, les rues de la capitale dans le cadre du 6ème Rallye francophone de Bulgarie et toujours dans le cadre du mois de la Francophonie. Pour rappel, nous fêtons cette année les 20 ans de l'adhésion de la Bulgarie à l'OIF.

Illustration: L'équipe "Bénin"
Source: Photo. perso.
A la tête de l'équipe représentant le Bénin, j'étais donc chargée d'encadrer une horde d'ados bruyants mais motivés du Lycée n°18 "William Gladstone" (par souci d'impartialité j'ai préféré ne pas concourir avec mes propres élèves.). Ce jeu de piste, organisé par l'Institut Français avec l'aide des stagiaires (comprendre ma collègue et moi-même, pour la rédaction des questions et le choix de l'itinéraire) nous a mené de la Résidence de Suisse à la librairie Colibri en passant par la plupart des lieux ambassadeurs de la culture francophone (boulangerie Pain de Paris, parfumerie L'Occitane et Yves Rocher, boutiques Lindt, Cartier et le Coq Sportif, supermarché Carrefour sans oublier la Résidence de France, l'Institut français et sa médiathèque.). 



Ci-après les pires et les meilleurs moments de cette promenade de près de quatre heures:

Aspects négatifs

- La pluie, continue, quasi incessante, entre bruine et averse. Vraiment pas agréable de marcher dans les flaques, de glisser sur les pavés mouillés et surtout d'avoir les pieds trempés toute la journée. Les enfants et moi-même étions littéralement gelés. Je peux prédire sans trop me tromper que l'un de nous sera bientôt enrhumé!

- L'absence de pause déjeuner, comme souvent en Bulgarie où personne n'attache d'importance à l'horaire des repas. Le temps imparti pour remplir le questionnaire nous laissait jusqu'à 14H15. Nous avons donc pris un encas léger. J'ai pour ma part essayé tant bien que mal de les dissuader d'aller manger (ou plutôt s'empoisonner) dans un fast food et me suis contentée de les regarder manger. Résultat: à 17 heures je n'avais toujours rien avalé.

- L'absence de fair-play chez certains candidats qui ont trouvé rusé de cacher DVD, livres et magazines nécessaires pour répondre aux questions ou ne se gênait pas de nous narguer voire insulter.

Aspects positifs

- L'accueil qui nous était réservé par Madame L'Ambassadeur de Suisse et son équipe. Je tiens à la remercier pour sa disponibilité et sa générosité, avec à la clé, une pochette surprise contenant divers petits cadeaux aux couleurs de la Suisse; des barres chocolatés et une tasse de chocolat chaud du célèbre lapin brun, appréciable quand on est frigorifiés et qu'on a zappé le petit déjeuner. 

- La motivation des ados, malgré la météo! Malgré leur petit niveau en français ils avaient le souci de bien faire, se sont appliqués pour rédiger leurs réponses (non sans difficulté pour orthographier certains mots, "grenouille" notamment, qui pour la petite anecdote, nous a été mimé avec brio par la directrice des cours de l'Institut Français!) et n'ont cessé de s'encourager les uns les autres à grands coups de "Haïdé ! Allez!".

- L'apport de cette journée qui a rapproché les lycéens, leur a donné envie de poursuivre leur apprentissage du français, leur a permis de découvrir de nouveaux lieux dans leur ville et qui nous a permis à tous, moi compris, d'en apprendre davantage sur la francophonie est donc globalement positif. Désormais la démographie de la Suisse, le rôle de la France en Bulgarie, le palmarès des sportifs français, les nouveaux talents de la scène musicale francophone ou encore les ingrédients de la sauce mojo n'ont plus aucun secret pour nous !

Illustration: Pause "Nesquick" chez les Suisses
Source: Photo. perso

Enfin, parce que vous vous demandez sans doute qui a remporté cette compétition, voici les résultats. Il n'y a pas un gagnant mais deux ex æquo, à savoir l'équipe du Lycée n°9 "Alphonse de Lamartine" et celle du Lycée Banque et Commerce... Ceux qui suivent ce blogue, auront noté qu'il s'agit des deux établissements secondaires où j'enseigne. Comme toujours, la remise des prix s'est effectuée en présence de S.E.M. L'Ambassadeur P. Autié qui a tenu à féliciter et à remercier tous les candidats ainsi que leurs enseignants qui ont participé malgré un temps non pas français mais très anglais. 

Pour terminer je tiens à remercier tous les élèves et professeurs des lycées sofiotes, toute l'équipe de l'Institut Français ainsi que les partenaires impliqués dans ce projet et je me dois de décerner une médaille en chocolat (Suisse, belge ou français bien entendu!) à ma collègue et amie française qui se reconnaîtra si elle passe par là. Mention spéciale à un autre français posté sur le boulevard Vitosha et qui a attendu les équipes sous son parapluie toute la journée. 

Vive le français, vive la francophonie et vive la Bulgarie sous la pluie !

samedi 23 mars 2013

B comme B.D.

Viens Madame Brigitte dans mon comic strip


Le D.M. (Devoir Maison) ne faisant pas partie de la culture éducative en Bulgarie, n'ayant pas envie de corriger 250 copies du même acabit et souhaitant exploiter le potentiel créatif de mes élèves, je leur ai donc demandé de réaliser une bande dessinée d'après un extrait de film étudié en classe et après avoir abordé ensemble le neuvième art, celui de la "bédé".

Il s'agissait d'imaginer la suite d'une scène d'Axtérix et Obélix: Mission Cléopâtre. Munis d'un crayon à papier (mais pas d'un dictionnaire il semblerait), mes artistes en herbe ont été pour la grande majorité très inspirés. Certains ont vraiment joué le jeu, faisant un effort d'imagination et alliant qualité de la langue et soin apporté au coloriage. D'autres m'ont donné des devoirs plus "conceptuels" ou "abstraits" dirons-nous pour rester dans une métaphore artistique. 

J'ai donc passé une après-midi agréable à lire ces planches colorées; moment bien plus agréable que si j'avais du corriger plusieurs fois la même dictée. L'avantage est double car un bon coup de crayon permet parfois d'éclipser une syntaxe ou une orthographe erronées. 

Voici pour illustrer ce billet, une photographie de mon bureau couvert de B.D. !


Illustration: Bandes-dessinées
Source:... d'inspiration? Élèves de 8ème. Photo. perso.

vendredi 22 mars 2013

B comme Bouquins

La lectrice de français et les jeunes lecteurs francophones


Félicitations aux élèves du lycée Lamartine qui ont relevé et remporté le défi ! 

L'équipe représentant mon établissement, composée de Boryana, Stéphanie, Svetla et Siméon, tous quatre élèves de 9ème (équivalent de la classe de 5ème) a gagné ce mercredi le 4ème Défi Lecture de Bulgarie !

Illustration: Ouvrages sélectionnés
Source: Photo. perso.

La finale de cette compétition s'est déroulée dans la salle Bidart de l'Institut Français où, pendant près de quatre heures, les élèves des lycées bilingues de tout le pays se sont affrontés répondant à des questions précises visant à vérifier leur compréhension et leur connaissance des quatre oeuvres de littérature jeunesse sélectionnées, rédigées en langue française, et préalablement lues et étudiées en classe. 

Les ouvrages en question étaient la nouvelle Matin Brun ainsi que le roman Eloa, quand est-ce qu'on s'en va? de Frank Pavloff, ainsi que le recueil de contes Oeufs bleus et compagnie et le roman Mon Amérique d'Alice de Poncheville. Cette dernière était d'ailleurs présente et membre du jury.




La remise des prix s'est effectuée sous la présidence de S.E.M. L'Ambassadeur de France en Bulgarie. Chaque participant a été récompensé et un buffet bien mérité attendait candidats, organisateurs et supporters à l'issue du jeu.
Illustration: S.E.M. L'Ambassadeur P. Autié
 félicitant les gagnants
Source: Photo  J. S.
Je suis fière de mes élèves et impressionnée par leurs excellentes mémoire et compréhension des textes. Nous préparions ce concours depuis plusieurs mois, avec sérieux, motivation et détermination; nous avions pris connaissance des livres plusieurs fois et avions ensemble élaboré des fiches de lecture et de vocabulaire. Contente de voir que tous nos efforts ont finis par payer! Bravo aux autres lycéens et à leurs enseignants de français qui n'ont pas démérité.

Cet évènement qui s'inscrit dans le cadre du Mois de la francophonie aura eu pour effet de susciter un réel intérêt pour la lecture en français chez les adolescents. L'auteur Alice de Poncheville est venue, ce vendredi, rencontrer les élèves du lycée et ces derniers se sont montrés très intéressés par ses histoires et par le métier d'écrivain, en témoigne leurs nombreuses questions à ce sujet. Cette rencontre aura peut-être suscitée des vocations, qui sait. Lors de cette entrevue, tous se sont également prêtés à un atelier d'écriture (voir article  intitulé "Breton" sur le sujet) et deux journalistes-radio en herbe ont pu interviewer l'écrivain.

Illustrations: Discussions et dédicaces avec les auteurs
Source: photographies personnelles
Dans la continuité de cet évènement, une rencontre avec les deux auteurs a eu lieu ce soir à l'Institut Français. Le public a pu poser ses questions aux écrivains qui ont fait preuve d'une grande générosité, terminant cet échange par une séance de dédicaces et de photos avec les enfants. J'ai moi-même fait dédicacer mes livres, me revoyant dix ans auparavant dans un salon du livre jeunesse. Ce retour en enfance a hélas déjà trop duré. Il me faut désormais m'adonner à d'autres lectures, moins distrayantes, bien que les oeuvres sélectionnées ont sur aborder, avec légèreté et non avec une pédagogie parfois indigeste, des sujets profonds ou de société comme, entre autres, le passage à l'âge adulte ou les dangers de la pensée unique. J'ai d'ailleurs questionné l'auteur de Matin Brun et nous avons parlé compromission et indignation. Citant son père bulgare, Frank Pavloff nous a tous mis en garde: "Il ne faut pas serrer la main du diable.". J'ai ajouté qu'à l'époque dans laquelle nous vivons, le diable a plusieurs formes et peut-être parfois difficile à démasquer mais que la lecture contribuait à développer notre esprit critique. 


Pour conclure ce billet, je voudrais vous souhaiter à tous de bonnes lectures et citer le conseil donné par Alice de Poncheville à nos jeunes lecteurs: "Soyez curieux !"

B comme Breton André

Dépouille succulente


Lors de la rencontre entre l'écrivain Alice De Poncheville et les élèves du lycée Lamartine, dans le cadre du Défi Lecture, cette dernière a proposé un atelier d'écriture et entre autres, une activité ludique et créative: le cadavre exquis.

Le cadavre exquis est un jeu littéraire inventé par les surréalistes dont André Breton. Il consiste à rédiger une phrase ou un texte à plusieurs mains. A tour de rôle, chaque participant écrit un mot ou une phrase sans lire les précédent(e)s puisque leurs auteurs auront plié la feuille de papier. La première phrase qui en résulta et qui donna son nom au jeu était: "Le cadravre exquis boira le vin nouveau."

Voici ci-après un florilège de créations d'élèves qui sont affichées au lycée. J'en ai corrigé la syntaxe et l'orthographe. J'envisage d'utiliser davantage cette écriture à contraintes en classe car cela permet vraiment de libérer la parole et de laisser libre cours à l'imagination. Voyez plutôt:


C'était l'étoile la plus brillante. Elle se trouvait dans un grand château et elle a téléphoné à une amie. Face à la scène, le colibri suspendit son vol devant tant de beauté et le crapaud laissa échapper un soupir. Alors Paris fut presque détruit et personne n'était content de ce qui s'était passé.

C'était une chatte très belle qui aimait jouer avec moi. Elle se trouvait sur la plage à Saint Tropez et elle aimait faire des promenades. Les gens l'aimaient beaucoup et étaient excités de la voir. Alors tout le monde était très heureux mais un peu fatigué.

C'était la plus belle femme du monde. Elle se trouvait dans l'espace et elle faisait du ski sur son lit. Puis les gens sont partis. Alors, une carpe aux écailles scintillantes jaillit hors de l'eau et lui vola un baiser.

C'était une grande maison. Elle se trouvait dans un jardin et elle regardait le ciel. Tout à coup elle a pris dans sa main une souris qui essayait de courir. Alors j'ai dit que ce n'était pas drôle.



C'était une fée charmante. Elle s'était plongée dans le monde artistique avec des peintures françaises et elle avait l'intention d'aller dans le jardin prendre quelques fleurs pour sa grand-mère. Les chiens ont tous aboyés, ils étaient contents. Alors, tous les participants étaient très satisfaits et attendaient de nouvelles choses intéressantes.

C'était une fleur. Elle flottait dans la rivière, allongée sur le dos. Et elle libéra le peuple. Les metteurs en scène l'adoraient. Alors la petite s'est changée en fleur.

C'était une nymphe aux traits fins, à la chevelure longue et au regard enjôleur. Elle était à Paris. Et c'était une top model, une vraie star ! Après l'avoir vu, les oiseaux se sont envolés. Alors je suis partie pour la France avec l'idée de rester là-bas jusqu'à la fin de ma vie.

C'était la plus belle fille du monde. Elle était au supermarché et elle faisait du jogging. Les gens sont tombés malades. Alors elle a décidé de rentrer à la maison pour lire son livre préféré.

C'était une journée intéressante. Elle était à la maison, elle regardait la télé. Les gens autour d'elle l'observaient bizarrement parce qu'ils savaient qu'elle n'était pas comme les autres. Alors, la nuit est tombée et elle est allée à la plage.

C'était une belle fille, très intéressante, qui était tombée amoureuse. Elle était assise sur un banc dans le parc, la tête dans les nuages. Et elle imaginait être une artiste célèbre que tout le monde connaîtrait. Ses voisins la trouvaient très généreuse et aimable et ils l'admiraient pour ses actions. Alors, on a coupé la viande en petits morceaux.

C'était une planète perdue qui volait sans but précis dans l'univers. Elle se promenait dans un endroit inconnu et elle mangeait des crêpes. Les gens ne savaient pas qu'elle était là. Alors, elle a décidé de cuisiner une souris.

C'était une pomme, la plus grande pomme du monde entier. Elle baladait sur l'avenue et elle dansait. Les gens avaient peur d'elle. Alors elle a décidé d'écrire un livre.

C'était une femme très ambitieuse qui voulait conquérir le monde. Elle était maintenant dans la cuisine en train d'essayer de faire une tarte aux pommes. Et elle était chanteuse et donna un concert. Les gens ont applaudi la jeune femme et espèrent qu'elle deviendra une chanteuse très célèbre. Alors elle se sentit mal.

C'était une fille folle et stupide. Elle se trouvait au bord de la mer et elle accompagnait ma famille quand on déjeunait ou dînait ou quand on prenait le petit déj' ou quand ma sœur faisait ses devoirs. Les gens l'ont saluée et ont commencé à chanter. Alors elle est devenue une peintre qui voyait sous ses doigts naître les couleurs du jour.

C'était une vielle dame qui habitait une maison dans la forêt. Elle aimait dormir et elle écrivait son devoir de maths. Les gens devenaient tristes. Alors elle est devenue ma meilleure amie avec le temps.

C'était la planète où l'on sait qu'il y a de la vie intelligente. Elle était au cinéma, regardait le ciel et admirait les oiseaux. Les gens la regardaient et s'amusaient de ce qu'elle faisait. Alors, elle s'amusa beaucoup avec ses nouveaux amis.

C'était une petite fille qui vivait à Paris. Elle jouait de la guitare dans sa chambre. Et elle partie au Brésil pour participer au carnaval de Rio. Les gens étaient très excités et ont applaudi. Alors elle est tombée et tout le monde a dormi et a commencé à rêver.

C'était une des plus belles émotions qu'on puisse sentir. Elle était dans mon coeur et chantait sa chanson préférée. Les gens criaient très fort. Alors on a commencé à jouer au football.

C'était une peinture très drôle, comme celle d'une terre inconnue. Elle jouait du piano dans sa chambre et elle riait. Les gens ont commencé à rigoler et à applaudir. Alors elle a souri et a fait une révérence.


Ces oeuvres vous ont inspiré? Vous cherchez une activité pour occuper vos soirées entre amis? Alors, à vos papiers, prêts, écrivez !


samedi 16 mars 2013

B comme Ballon ovale

Allez, allez, les bleus, les blancs...


Le tournoi des Six Nations s'est achevé ce soir avec la rencontre France - Écosse et une victoire des Bleus sur les vilains chardons !!! Enfin ! Car jusqu'à présent les français avaient perdu tous leurs matchs, "même contre l'Italie, la honte!" (dixit Mili). Résultat, pas de coq au vin même si nous terminons dans le bas du tableau. Malgré toutes ces défaites, les c(h)opines et moi-même, fidèles supportrices du XV de France, n'avons manqué aucun rendez-vous, les yeux rivés chaque samedi de match sur l'écran plat du pub irlandais The Murphy's. Tantôt sur France 3, tantôt sur Al Jazeera; tantôt autour d'une pinte de Kilkenny tantôt avec une Shumensko mais nous étions là pour donner de la voix et encourager nos rugbymen français. 

Quoi de mieux pour se détendre après une dure semaine de travail au lycée (et avant un dimanche où il faut se lever pour aller bosser) que de se retrouver entre filles dans une ambiance festive, parfois triviale et toujours patriote à grands coups de Marseillaise et de "cocorico". L'établissement était en effet le QG des supporters expatriés, l'occasion de rencontrer des compatriotes français... ou moins charmant, de tomber sur son patron assis à la table d'à côté et qui vient vous saluer alors qu'on est en train de vociférer après une action manquée!

Je suis triste que cette compétition soit déjà terminée car désormais c'est le football qui va envahir les écrans, les médias et les esprits. Ça a déjà commencé avec l'arrivée de l'anglais au PSG, match de ballon rond que je me devais d'aller regarder, non pas pour le popotin de Beckham mais parce que "Allez l'OM! Allez Marseillais!". Triste aussi car, disons ce qui est, cela nous faisait un prétexte pour (se) faire mousser! Quoi de plus vrai que l'équation rugby + bière ! 

Un match de rugby quand on vit à l'étranger c'est très bien pour ne pas déprimer et pour pratiquer son français, celui que l'on a peur d'oublier, celui que l'on se retient d'enseigner car familier voire laissant échapper quelques vulgarités, à la syntaxe et à la grammaire douteuses. Morceaux choisis:
"On va les bouffer, on va les bouffer, on va, on va, on va les bouffer!"; Et mangez-les! Et mange-le !"; "Et monte la cette p*** de balle!"; "Et prends y la lui!"; "Et sortez-les vous du cul les gars!"; "Et m*** il a chié dans la colle!"; "Pin pon pin pon, il est mort!"... Les tympans des autres clients s'en souviennent encore. 

L'occasion aussi de ressortir quelques chansons populaires voire paillardes du placard. Notre hymne préféré, celui de l'aviron bayonnais. Aucun joueur basque dans l'équipe (à part un ancien, "Yoooaaann") mais une jolie demoiselle du pays dans l'audience avec qui nous chantions avec ferveur, debout sur le tabouret de bar, la main gauche qui frappait la chope sur la table et la main droite sur le coeur.

Opportunité rêvée de pratiquer son anglais avec "l'ennemi" anglais, irlandais, gallois ou écossais. La population masculine du bar semblait d'ailleurs très intéressée par les petites frenchies en témoigne le nombre de pintes que nous n'avons pas payées.

Autre belle opportunité, et pas la moindre, celle de se rincer l'oeil avec des images caméras parfois flatteuses (les fessiers musclés pendant les mêlées), parfois un peu moins (les sourires-protèges dents ou les saignements de nez). Chacune y allait de ses commentaires sur son ovalien préféré ("On voit celui qui mange un croissant le matin et celui qui a grandi aux breakfasts beans+bacon!") et tout y est passé, du coup de pied raté au tatouage raté lui aussi. J'ai personnellement un faible pour le jeune toulonnais (pilou! pilou!) répondant au doux surnom de "Mooomooo" pour les intimes.

J'achèverai ce papier par un bêtisier, extrait d'une conversation entre deux amies, fraîchement converties au rugby:
- "Mais il a marqué cinq points d'un coup! C'est autorisé ça!?"
- "Mais oui, t'as pas vu!? Il a écrasé le ballon parterre."

Pour terminer, vive le rugby, vive le Murphy's, vive la bibine avec modération, vive Fredo, vive Momo, vive Yoyo, vive le XV du coq et vive la France ! Rendez-vous très prochainement, même endroit, même dévotion, même émotion.